Ce mardi 07 mai, s’est tenue à Diamniadio une cérémonie de réception d’un don de véhicules par l’UNICEF à la Direction de l’Assainissement dans le cadre de l’approche ATPC (Assainissement Total piloté par les communautés). Le don concerne les six régions (Kaffrine, Tambacounda, Kédougou, Kolda, Sédhiou, Matam) où intervient le projet.
La réception des véhicules a eu lieu en présence du Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, du directeur de l’Assainissement et des agents de la Direction de l’Assainissement.
Cette cérémonie constitue une occasion de revenir sur l’ATPC, cette approche de sensibilisation communautaire élaborée par le Docteur Kamal KAR à partir de ses expériences au Bangladesh à la fin des années 90-début 2000 et introduite au Sénégal en 2009 avec l’appui de l’UNICEF qui, depuis lors, continue d’accompagner le Sénégal dans son combat contre la DAL.
Le contexte
Selon le rapport conjoint 2023 OMS/UNICEF, 3,5 milliards de personnes dans le monde vivent sans toilettes adaptées et 419 millions font encore leurs besoins en plein air. Le même rapport indique que 2 milliards de personnes, soit un quart de la population mondiale, ne disposent pas d’une installation de base pour se laver les mains à l’eau et au savon à la maison. Par ailleurs, dans le rapport 2022 de l’OMS, il apparait que 829 000 personnes environ meurent tous les ans de maladies causées par un défaut assainissement, une eau insalubre et une hygiène insuffisante dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Cette situation a des impacts sur les populations vulnérables et notamment sur les enfants dont 1000 de moins de cinq ans perdent la vie chaque année à cause de l’insalubrité́ de l’eau, de la déficience des systèmes d’assainissement et du manque d’hygiène (rapport 2023 de l’UNICEF).
Au Sénégal, les résultats de l’enquête-ménage sectorielle (ANSD, 2022), indiquent un taux d’accès à l’assainissement amélioré de 71,7% en milieu urbain et de 52,6% en milieu rural ; le taux d’accès global étant de 61,2%.
Cela suppose qu’en dépit des efforts consentis une bonne partie des ménages notamment ceux vivant en milieu rural ne dispose toujours pas d’accès à des ouvrages améliorés et que la défécation à l’air libre (DAL) demeure une préoccupation majeure.
Prenant conscience de cette situation, l’Etat du Sénégal, à l’instar de la Communauté internationale, s’est engagé dans l’agenda du développement durable, avec pour objectif, d’assurer d’ici à 2030, l’accès de tous, dans des conditions équitables, à des services d’assainissement et d’hygiène adéquats et de mettre fin à la défécation en plein air.
Parmi les approches mises en œuvre pour atteindre cette cible, il y’a l’Assainissement Total Piloté par les Communautés (ATPC). Il s’agit d’une approche de sensibilisation communautaire élaborée par Dr Kamal KAR à partir de ses expériences au Bangladesh à la fin des années 90-début 2000. Elle a été introduite au Sénégal en 2009 avec l’appui de l’UNIFE qui, depuis lors, continue d’accompagner le Sénégal dans son combat contre la DAL.
L’objectifs de l’ATPC
L’objectif de l’ATPC est de sensibiliser les communautés à prendre conscience des méfaits de la défécation à l’air libre et à engager des actions immédiates pour y mettre un terme. Pour cela, elles élaborent des plans d’actions villageois incluant la réalisation de latrines, le lavage des mains, la protection des points d’eau, la salubrité du milieu, le traitement de l’eau, les causeries, les visites à domicile, le renforcement de capacités des acteurs locaux et les mettent en œuvre avec l’appui des services techniques déconcentrés.
En somme l’ATPC vise le changement de comportements des communautés, lequel est un levier essentiel pour amélioration des conditions d’hygiène et d’assainissement en milieu rural.
Étapes de la mise en œuvre de l’ATPC
Le processus de mise en œuvre de l’ATPC comporte trois étapes :
- Le pré déclenchement est une activité d’information et de plaidoyer auprès des Autorités administratives, territoriales et villageoises et de collecte d’informations de base sur la situation de l’accès à l’eau, à l’assainissement et des pratiques d’hygiène dans la zone d’intervention. Elle permet aux services déconcentrés d’établir la situation de référence des villages et d’identifier les cibles avant d’entamer les activités de sensibilisation.
- Le déclenchement est une assemblée générale de sensibilisation organisée dans chaque village cible et à laquelle toutes les composantes de la communauté cible sont conviées. Elle est fondée sur la stimulation d’un sentiment collectif de dégoût et de honte chez les membres de la communauté en les confrontant à la réalité crue de la Défécation à l’Air Libre et ses impacts sur la santé, l’environnement et le cadre de vie. Les outils utilisés sont ceux de la méthode SARAR-PHAST : la marche environnementale, la cartographie des aires de défécation, le calcul des dépenses médicales, le test de verre d’eau, l’analyse des voies de contamination et barrières etc. Le but recherché est d’amener les populations à s’engager et à élaborer de manière participative des plans d’actions dont la mise en œuvre est coordonnée par des Leaders naturels dûment identifiés.
- Le post déclenchement : est l’étape de la formation des leaders naturels sur l’ATPC et les outils SARAR PHAST et du suivi de l’exécution des plans d’actions villageois. Elle est aussi l’étape des missions de supervision qui doivent être menées à tous les niveaux par les Leaders naturels, les Divisions régionales Assainissement, le niveau central. L’objectif est de faire le point à date sur la mise en œuvre des engagements pris par les communautés, d’identifier les difficultés rencontrées et de formuler des recommandations. Ce dispositif permet à la Direction de renseigner un certain nombre d’indicateurs et d’avoir une base de données à temps réels sur les activités menées
Réalisations de l’ATPC
Pour mettre fin à la Défécation à l’Air libre (DAL), le Ministère de l’hydraulique et de l’Assainissement a élaboré en 2019 un guide de mise en œuvre de l’ATPC et une feuille de route qui fixé un objectif de 11 159 villages cibles d’ici 2030 (cf. tableau). Les efforts fournis avec l’appui de l’UNICEF et les autres acteurs ont permis, à ce jour, d’intervenir dans 7 884 villages, soit (70,65%) dont 5 981 ont abandonné la défécation à l’air libre (53,59%). Ce qui correspond à 2 511 165 personnes qui ont abandonné le phénomène, lequel a reculé de 17,9 points entre 2011 et 2022, passant de 30 à 12,1 %.
Régions | Villages cibles 2030 | Villages investis | Villages ayant atteint la Fin de la Défécation à l’air Libre (FDAL) | Populations additionnelles ayant abandonné la DAL |
Dakar | 14 | 10 | 6 | 65 217 |
Diourbel | 755 | 650 | 540 | 348 355 |
Fatick | 631 | 140 | 96 | 165 863 |
Kaffrine | 894 | 1 075 | 902 | 343 641 |
Kaolack | 866 | 185 | 124 | 196 542 |
Kédougou | 262 | 130 | 84 | 28 307 |
Kolda | 1 689 | 1 320 | 990 | 212 669 |
Louga | 1 727 | 1 105 | 864 | 211 968 |
Matam | 470 | 395 | 285 | 200 774 |
Saint Louis | 551 | 460 | 314 | 183 794 |
Sédhiou | 895 | 995 | 750 | 127 784 |
Tamba | 1 338 | 1 079 | 796 | 248 876 |
Thiès | 721 | 310 | 205 | 159 8945 |
Ziguinchor | 346 | 30 | 24 | 17 481 |
TOTAL | 11 159 | 7 884 | 5 981 | 2 511 165 |
Perspectives
En perspective, la Direction de l’Assainissement, entend poursuivre ces efforts en rapport avec les partenaires comme UNICEF conformément aux orientations de la Stratégie Nationale de l’Assainissement en Milieu Rural (SNAR) qui font de l’ATPC la porte d’entrée des projets et programmes d’assainissement. Ainsi, pour un passage à l’échelle graduelle afin de toucher plus de villages, il serait hautement souhaitable que les recommandations suivantes soient prises en compte :
- L’élargissement de la Zone d’intervention de l’UNICEF à d’autres avec en priorité la région de Ziguinchor qui a un taux d’accès à l’assainissement rural encore faible (27,17%). Cela en plus du renforcement des activités les cinq (05) déjà ciblées (Sédhiou, Kolda, Kédougou, Matam, Kaffrine, Tambacounda) ;
- Le renforcer de l’appui en logistique du Ministère notamment pour le niveau central et la Division régionale de l’Assainissement de Kédougou non bénéficiaire du don actuel de véhicules ;
- L’amélioration de l’échelle d’assainissement dans les villages ayant déjà été investis avec succès pour éviter le retour à la DAL ;
- La formation des agents sur le Wash e situation d’urgence ;
- La formation des agents sur le marketing de l’assainissement ;