Monsieur le Conseiller Spécial auprès du Président de la République chargé des questions d’Eau et d’Assainissement,
Monsieur le Conseiller Technique auprès du Premier Ministre chargé des questions d’Eau, d’Assainissement et d’Environnement,
Mesdames et Messieurs les Gouverneurs de région;
Monsieur le Président du Conseil départemental de Kaolack,
Monsieur le Maire de la Communes de Kaolack,
Honorables députés;
Mesdames et Messieurs les Directeurs nationaux, Directeurs généraux et Chefs de services ;
Mesdames et Messieurs les représentants des partenaires techniques et financiers,
Mesdames et Messieurs les Experts de l’Eau et de l’Assainissement, d’ici et de la diapora;
Mesdames et Messieurs les représentants de la société civile – des organisations associatives, syndicales et de producteurs – du secteur privé, des syndicats de travailleurs, des consuméristes et des usagers du services public;
Tous protocoles respectés ;
Mesdames, Messieurs, chers invités,
Permettez-moi d’abord d’adresser toute ma gratitude à Son Excellence Bassirou Diomaye Diakhar FAYE, Président de la République du Sénégal pour ce message d’une très grande symbolique qu’il nous a délivré. Nous sommes convaincus que son plus grand souhait était de prendre part physiquement à cette grande occasion au regard du grand intérêt qu’il accorde au secteur de l’Eau et cela depuis son terroir de Ndiaganiao où il s’est très tôt mobilisé pour un accès équitable au liquide précieux au profit de ses concitoyens.
Ces remerciements vont également à l’endroit du Premier Ministre, Mr Ousmane SONKO qui nous a donné des instructions pertinentes afin que la politique de l’Eau et de l’Assainissement soit désormais inscrite dans une dynamique inclusive adossée à une véritable logique de co-construction et s’appuyant sur le principe de subsidiarité. Cette démarche nous permettra alors à tous de « penser globalement pour mieux agir localement ».
J’éprouve ainsi un grand plaisir en me retrouvant aujourd’hui par cette grande famille de l’Eau et de l’Assainissement afin d’impulser un processus novateur qui sonne comme un Pacte Solidaire pour l’Action que nous allons construire sur un socle très robuste bâti sur des concertations larges et démocratiques qui nous replongent dans nos valeurs sociologiques autour du PENC qui est la déclinaison locale du concept des « Agora » dans la Grèce antique.
D’où ce concept très symbolique de PENC’EAU pour consacrer trois (03) jours, loin de Dakar et de nos bureaux, dans cette capitale centrale du Saloum, durant lesquels nous allons échanger de manière approfondie sur les contraintes, les priorités et les solutions durables pour jeter les bases d’une politique de l’eau centrée sur les attentes de tous les acteurs tout en étant bien articulée avec les agendas régionaux et internationaux.
Mesdames et Messieurs,
Avant de poursuivre mon propos, je voudrais dire un mot sur le choix de Kaolack. Ce choix innovant et audacieux, comme je l’ai dit au Maire, au de la centralité de sa commune, se justifie, d’une part, par notre souci de délocaliser certaines activités hors de Dakar afin de nous conformer à la nouvelle vision basée sur les Pôles et, d’autre part, par l’ampleur défis auxquels fait face Kaolack en matière d’assainissement et d’accès à une eau potable de qualité et en quantité suffisante.
Mesdames et Messieurs,
Cette précision étant faite, je rappelle que nos concertations nationales sur l’Eau et l’Assainissement se déroulent dans un contexte temporel certes particulier mais bien choisi.
En effet, comme vous pouvez le constater, nous sommes en train de sortir d’une contexte national et international marqué, entre autres, par des inondations violentes, entrainant parfois un lot de morts comme cela a été le cas ces derniers jours avec la situation au Sud de l’Europe. Chez nous, la ville de Touba a aussi subi les manifestations rudes d’un hivernage particulièrement pluvieux avec son lot d’inondations. Des situations calamiteuses ont également été notées dans les parties Nord et Sud-Est de notre pays où les dernières semaines ont été marquées par des crues exceptionnelles notées sur les bassins versants des Fleuves Sénégal et Gambie. Les conséquences ont été lourdes aux plans économiques, environnemental et socio-sanitaires. Mais devant ce tableau affligeant, j’aimerai partager avec vous cette conviction profonde fondée sur le postulat que derrière chaque épreuve se trouve en réalité une voire plusieurs opportunités.
L’autre tableau contextuel est relatif à la déclinaison récente par le Gouvernement de la nouvelle Vision d’une nation SOUVERAINE, JUSTE, PROSPERE et ancrée dans des valeurs fortes, d’ici 2050.
Ce nouvel Agenda National de Transformation confirme fort heureusement une grande priorité accordée à l’Eau dans presque toutes ses dimensions sociales, économiques et écosystémiques. L’Eau aura un rôle moteur dans les ambitions de garantir la souveraineté alimentaire et environnementale ainsi que dans la forte réduction des inégalités sociales.
Jusque-là, les différents référentiels en matière de développement économique et social n’avaient pas suffisamment intégré les risques pesant sur les ressources en eau comme une éventuelle contrainte au développement.
La sécurité de l’eau est « la disponibilité d’une quantité et d’une qualité d’eau acceptables pour satisfaire les besoins de la santé, des moyens de subsistance, des écosystèmes et de la production, associées à un niveau acceptable de risques liés à l’eau pour les personnes, l’environnement et l’économie ».
C’est pour cette raison que nous voulons assurer l’Accès à l’eau potable pour Tous en tant que Droit Humain fondamental mais aussi garantir la disponibilité optimale de l’eau pour divers usages productifs, en particulier pour l’agriculture qui concentre près de 90% des prélèvements d’eau, sans oublier la protection et la restauration des écosystèmes.
Mesdames, Messieurs,
Notre pays regorge certes de potentialités en eau en grande quantité mais nous faisons aussi face à des contraintes de qualité de certaines ressources en eau souterraines. Nous devons ainsi innover et changer de paradigme dans nos stratégies de mobilisation. D’où la grande initiative des Autoroutes de l’Eau pour arroser tout le pays avec une eau en quantité et en qualité suffisante afin de promouvoir le nexus Eau-Energie-Environnement-Alimentation-Ecosystèmes comme socle pour promouvoir un développement durable.
Les transferts d’eau portent sur le Grand Transfert d’Eau du Lac de Guiers vers le triangle DMT incluant la ville de Touba, le transfert d’eau du Lac de Guiers vers le Ferlo, les transferts interbassins avec trois branches allant du fleuve Gambie (barrage de Sambangalou), de la Koulountou et de Bakel vers le bassin arachidier jusqu’à Thiès, les transferts d’eaux souterraines de l’axe Malem Hoddar-Sadio, pour ne citer que ceux-là. Alors qu’en matière de projets de valorisation on peut citer les aménagements des bassins du Nanija Bolong, du Baobolong, de Djikoye, des trois marigots, des mares de Bakel, entre autres.
Ces grands projets nous permettront à terme faire face aux réels problèmes de qualité physico-chimique dans certaines zones du pays, notamment le bassin arachidier, la zone du Sud-Est où la présence de concentrations de fluorures, de chlorures, de salinité ou encore de fer au-delà des normes de l’OMS ; sans compter la pollution par des pesticides et métaux lourds dans certaines eaux de surface comme le Lac de Guiers ou la Falémé.
Mesdames, Messieurs,
Même si des avancées majeures ont été enregistrées dans ce sous-secteur, l’Assainissement au Sénégal souffre d’un manque de ressources financières suffisantes pour assurer des investissements massifs et durables, l’exploitation et l’entretien corrects des infrastructures de collecte, et de traitement des eaux usées domestiques et excrétas et des eaux pluviales. Cette situation structurelle, rend impérative la mise en place d’un nouveau modèle économique et technique pour la gestion du service public de l’assainissement.
La problématique de la gestion des eaux pluviales devient de plus en plus complexe avec des épisodes d’inondations qui deviennent de plus en plus cycliques, amplifiés par les effets des changements climatiques. Même si beaucoup d’efforts ont été consentis pour réaliser plusieurs ouvrages à travers les interventions de plusieurs acteurs dont les principaux restent l’ONAS, la DPGI, l’AGEROUTE, l’APIX, etc.
C’est pourquoi il sera question d’anticiper sur l’après usage des gros volumes d’eau qui seront mobilisés dans le cadre de ces transferts et d’adopter une approche plus globale basée sur la durabilité.
Concernant la lutte contre les inondations, en sus de la poursuite des investissements sur les infrastructures, l’accent sera mis sur la connaissance du risque et la nouvelle dynamique sera davantage anticipative et les efforts mutualisés, avec une grande place accordée à l’homme, conformément à l’appel des plus hautes autorités à l’investissement citoyen.
Mesdames, Messieurs,
En matière de gouvernance institutionnelle, des résultats satisfaisants ont été enregistrés dans la délégation de la gestion du service public de l’eau en milieu urbain ; des performances moindres sont toutefois notées pour ce qui concerne le milieu rural. L’évaluation de la réforme de l’hydraulique rurale a certes fait ressortir plusieurs préoccupations légitimes des acteurs, sans occulter les efforts réels faits par l’OFOR et des délégataires privés pour améliorer la qualité du service.
Mais nous aurons besoin de plus de concertations avec les différents acteurs pour lever tous ensemble les contraintes au passage à l’échelle.
En matière de gestion intégrée des ressources en eau, sous sommes devant une impérieuse obligation de définir un nouveau cadre légal, institutionnel et organisationnel plus conforme aux grands défis qui se dressent devant nous pour l’atteinte des Objectifs de Développement Durable mais aussi des objectifs du nouvel agenda national. Nous avons réussi à bâtir un nouveau référentiel en termes de planification des ressources en eau ; il faudra maintenant le rendre opérationnel mais surtout le mettre en harmonie et en soutien à la démarche territoriale adoptée dans le cadre de la nouvelle vison de développement articulée autour des Pôles.
Nous aurons certes besoin de beaucoup investir dans des infrastructures résilientes, mais aussi de beaucoup innover dans les technologies, dans le financement, dans la recherche et la formation, dans la régulation où une grande avancée vient d’être enregistrée avec l’aménagement du cadre institutionnel pour la mise en place d’une Haute Autorité de Régulation du Secteur de l’Eau (HARSE). Nous devrons aussi saisir les opportunités qui se trouvent dans la digitalisation et surtout dans la valorisation des multiples avantages de l’intelligence artificielle.
La liste des défis est assez longue ; et pour les relever, nous sommes tous appelés à nous inscrire dans une démarche systémique, plaçant l’eau au cœur de son propre cycle, en impliquant à chaque étape toutes les parties prenantes. Dans cette perspective, il est essentiel d’adopter une méthodologie inclusive étant entendu que le secteur de l’eau intègre une multitude d’acteurs que sont, entre autres, le Gouvernement, les institutions publiques, les collectivités territoriales, le secteur privé, la société civile, les organisations communautaires, les partenaires techniques et financiers, les universités et instituts de recherche, etc.
C’est pour cette raison majeure que le Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement a retenu d’organiser les présentes Concertations Nationales du secteur de l’Eau et de l’Assainissement (CNEA) en vue d’inscrire son action dans une logique d’Inclusion, de Transparence, de Redevabilité et de Territorialisation.
Dans une logique bottom-up, la première étape du processus a été bouclée à travers la tenue de concertations locales avec les acteurs dans toutes les régions du Sénégal sous forme de Comités Régionaux de Développement.
Et c’est pour moi l’occasion de féliciter l’ensemble des parties prenantes qui se sont mobilisées très fortement et au premier chef desquelles les gouverneurs de régions, les préfets de départements et les sous-préfets d’arrondissement.
Mesdames, Messieurs,
L’objectif global des concertations nationales sur l’Eau et l’Assainissement est de dresser un diagnostic participatif du secteur de l’eau, de l’assainissement et de la gestion des ressources en eau, afin de proposer des stratégies optimales pour la prise en charge durable de nos objectifs sectoriels de développement.
A l’issue de nos assises, le Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement pourra ainsi consolider les contributions et réflexions pour les besoins de l’élaboration d’une nouvelle Lettre de Politique Sectorielle de Développement arrimée au plan d’actions prioritaires 2025-2029 adossé à la SND, et aux autres politiques et stratégies régionales et internationales, qui définissent les orientations et principes d’action majeurs. Nos réflexions permettront aussi de proposer des axes forts pour l’ajustement du cadre institutionnel, organisationnel et juridique du secteur. J’invite ainsi tous les participants qui ont fait le déplacement sur Kaolack, mais aussi ceux qui nous suivent en ligne par la magie de l’internet et des réseaux sociaux à s’impliquer fortement, durant ces trois jours, dans les discussions et surtout les travaux des groupes thématiques afin que de nos travaux puissent ressortir fructueusement les piliers qui font fonder un renouveau du secteur de l’Eau, de l’Assainissement et de la Gestion intégrée des ressources en eau.
Avec l’appui de notre équipe digitale que je remercie au passage, un formulaire dédié a été développé dans le site du MHA pour l’enquête relative aux CNEA. Les données seront hébergées dans la base de données du site du Ministère.
A la date du 20 novembre, on était déjà à plus de 136.000 vues et 857 followers sur la page Facebook dédiée aux CNEA alors que le questionnaire en ligne avait été rempli par 239 répondants.
Un portail est également dédié à l’évènement dans le site du MHA avec un bulletin d’information qui pourra être partagé grâce à la newsletter intégrée au site. Ce portail permettra de rassembler sous forme de dataroom virtuelle toute la documentation issue des concertations pour faciliter l’accès aux conclusions et recommandations au profit du grand public. Tout ceci pour vous dire que j’attends beaucoup de nos concertations au sortir desquelles nous devrons nous accorder sur la direction à suivre, sur les objectifs et sur comment y arriver. C’est pourquoi nous devons procéder à un diagnostic sans complaisance et mener les débats en toute franchise et ce, dans un état d’esprit constructif.
Mesdames, Messieurs,
Avant de clore mon propos, je voudrais remercier les populations et les autorités de Kaolack pour la chaleur de l’accueil et toutes les diligences entreprises pour la bonne tenue de notre activité.
Je remercie également les gouverneurs de région et l’ensemble des acteurs territoriaux pour non seulement la parfaite organisation des concertations locales, mais surtout pour la richesse des rapports qui en sont issus.
Pour en venir à vous chers participants, je me réjouis de votre présence qui témoigne de l’intérêt que vous accordez à notre secteur.
Enfin, je voudrais avoir une pensée pour tous les autres acteurs et partenaires qui auraient souhaité être là parmi nous. N’eut été les contraintes d’ordre logistique et organisationnel, nous aurions invité des milliers d’autres personnes car il n’y a pas une seule personne vivant sur le territoire qui ne serait pas concernée par l’eau et l’assainissement. Donc, je sollicite leur compréhension et les invite à nous faire parvenir leurs contributions écrites.
Sur ces mots, je souhaite plein succès à nos travaux et vous remercie de votre aimable attention.